Le 24 novembre 2023, à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, l’Ambassade de France en Italie et l’Institut Français ont organisé, au Palais Farnese, l’événement « Violenza contro le donne. Azione, prevenzione, impegno » dans le cadre de Voix aux femmes — un programme des rencontres italo-françaises sur ce thème.

Le texte suivant rend compte d’une partie des interventions ; il a été écrit par les étudiant-es de la triennale L11 de l’université Roma-3  dans le cadre du cours de Marine Aubry-Morici, lectrice d’échange à l’université Roma-3.

Dans le prestigieux Salon d’Hercule, Monsieur l’Ambassadeur de France Martin Briens a présenté les invitées : Lucia Annibali, Antonella Veltri, Ynaée Benaben, ainsi que la modératrice Maria Latella. L’objectif de cette rencontre était de faire connaître au public les organisations anti-violences et les lois qui peuvent protéger les femmes qui sont victimes d’abus. Comment peut-on s’attaquer aux piliers de la violence de genre et défendre les victimes au moyen d’instruments efficaces ainsi que d’une nouvelle prise de conscience? À cette question, les différentes intervenantes ont fourni des réponses éclairantes.

Lucia Annibali, avocate et ancienne députée, mais aussi victime de violences infligées par son compagnon en 2013, est actuellement médiatrice de la région Toscane. Elle a souligné l’importance du droit des femmes à vivre libres, qui est ôté à celles qui subissent des violences. Or la liberté est un droit fondamental de l’individu, qu’il soit homme ou femme.

En France, un plan national met en pratique le contenu de la « convention d’Istanbul » — convention internationale sur le droit des femmes datant de 2012 — depuis plusieurs années.  De plus, le pays a aussi mis en place un crédit de 8,2 millions de euros pour les survivantes et leurs orphelins des victimes. Toutefois, en France, une jeune femme sur 7 subit des violences sexuelles au cours de sa vie. Il faut savoir que seulement une sur dix porte plainte et seuls trois cas sur dix font finalement l’objet d’une condamnation par la justice. Si la loi est solide, son application présente des lacunes. 

Ynaée Benaben, co-fondatrice de l’association En avant toute(s), laquelle lutte pour la fin des violences faites aux jeunes, aux femmes et aux personnes LGBTQIA+, a souligné la dimension générationnelle du problème. Les jeunes femmes sont une cible majeure des violences de genre et c’est parce qu’elles sont jeunes qu’elles ignorent souvent leurs droits. En cas de problème, les jeunes générations s’adressent à Google plutôt qu’à leurs proches,. Il est donc vital qu’Internet fournisse des informations correctes et orientent précisément les victimes de violences.

Enfin, Benaben a souligné la nécessité d’une éducation affective destinée à tous les jeunes, car leur incapacité à reconnaître leurs émotions, toutes reconduites à une forme de colère, est de plus en plus forte. La continuité de l’accompagnement est plus essentielle que la profondeur théorique. Selon elle, bien qu’en France chaque jeune bénéficie de séances d’éducation sexuelle et affective,  il faut travailler pour améliorer leur efficacité.

Mais il y a d’autres choses qui peuvent être améliorées pour lutter contre les violences faites aux femmes. Antonella Veltri, qui gère les réseaux nationaux des centres anti-violence, notamment D.i.re- donne in rete contro la violenza, qui rassemble 87 organisations anti-violence en Italie depuis 2008, s’est exprimée sur le sujet. Dans la péninsule italienne, le plus grand problème concerne le rapport des femmes à la justice, parce qu’elles ne sont pas encore assez crues ni écoutées. Alors que la Convention d’Istanbul a été ratifiée il y a plus de dix ans, le 22 novembre dernier le Parlement Italien a rédigé un nouveau décret pour lutter contre les violences faites aux femmes, sans toutefois l’accompagner du budget nécessaire. Antonelli Veltri a pourtant souligné que les femmes ne cherchent pas à prendre leur revanche, mais seulement à vivre en sécurité. 

Les trois invitées ont conclu qu’il faut prendre conscience du problème et agir avec passion et détermination, parce qu’aujourd’hui nous avons davantage d’instruments pour transformer la réalité, afin d’atteindre l’objectif 2030 : l’élimination des violences de genre.

Maria Chiara Avarello, Federico Del Frate,
Vittoria Monaco, Andrea Lollobrigidi, Vito Tarantini.